La forêt manifeste à l’échelle d'un écosystème ce que la vie fait à l’échelle de notre planète: elle construit l’habitabilité du monde pour elle et tous ceux qu’elle abrite. Elle travaille sans conscience, sans intention et sans bienveillance à la même chose que ce que nous devons chercher aujourd’hui : le maintien de l’habitabilité plurielle de la Terre, l’épanouissement de la vie. La forêt est le milieu par excellence qui nous rappelle la condition volontiers oubliée de notre être-au-monde, à savoir que nous ne sommes pas responsables de l’habitabilité de ce monde, nous ne l’avons pas fait — mais que c’est la vie, la biosphère, comme architecture vivante plus ancienne que nous, qui constitue notre milieu donateur. Elle nous abrite, nous façonne, nous soigne, nous nourrit dans toutes nos dimensions — comme la forêt, la biosphère est une altérité plurielle qui construit de l’habitabilité pour les formes de vie, dont nous sommes. Un monde non fait de main humaine, fait par le vivant, et dont nous recueillons les richesses, en négociant des modus vivendi.